À l’origine, nous avons limité InvaCost aux insectes exotiques envahissants. En raison de leur rôle écologique clé, en tant que consommateurs de plantes, prédateurs d’invertébrés ou vecteurs de pathogènes, les insectes sont parmi les organismes les plus nuisibles lorsqu’ils deviennent envahissants.
À l’échelle mondiale, les insectes nuisibles réduisent les rendements agricoles jusqu’à 40 % et consomment des aliments qui pourraient nourrir environ 1 milliard de personnes supplémentaires. Plusieurs insectes nuisibles défolient les arbres et menacent la biodiversité végétale et l’économie forestière. Outre la biodiversité et les pertes économiques, d’éventuelles boucles de rétroaction sur le changement climatique sont préoccupantes. Au cours des années 2000, les épidémies de dendroctone du pin ponderosa ont détruit plus de 13 millions d’hectares au Canada, contribuant ainsi à l’équivalent de cinq fois les émissions de CO2 de son industrie des transports. La santé publique est également directement touchée par les insectes, en particulier les vecteurs de maladies mortelles, comme le paludisme qui touche 300 à 500 millions de personnes dans le monde, tuant jusqu’à 1 million de personnes chaque année, principalement des enfants de moins de 5 ans. Avec le changement climatique, on craint de plus en plus que la levée des barrières thermiques dans les régions tempérées ne permette aux espèces subtropicales, en particulier aux moustiques, de se propager et de s’établir dans des régions où la plupart des populations humaines n’ont jamais été en contact avec les maladies qu’elles propagent, la malaria, la fièvre jaune, la dengue, le chikungunya et bien d’autres. Plusieurs espèces d’insectes constituent également une grave nuisance économique pour les activités humaines, comme le tourisme ou le développement immobilier. Les termites et les fourmis envahissantes, par exemple, sont responsables de pertes économiques importantes dans les pays déjà envahis (plusieurs milliards de dollars US par an pour les États-Unis).
Nous avons donc démarré ce projet avec un postdoc (Boris Leroy) puis un professeur invité (Corey Bradshaw). Nous avons publié cette synthèse dans Nature Communication : Massive yet massively underestimated global costs of invasive insects.
C’est seulement parce que cela a si bien fonctionné que nous avons décidé d’étendre l’étude sur toutes les espèces exotiques envahissantes.